Avis du CPP Jeux de hasard et d’argent

Contexte :
Suite à la présentation du projet de Loi du gouvernement concernant l’ouverture au 1er janvier 2010 du marché des jeux de hasard et d’argent à de nouveaux opérateurs via Internet, le Conseil Paritaire de la Publicité (CPP) demande à l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) de rédiger une nouvelle Recommandation concernant la publicité de l’ensemble des jeux de hasard et d’argent.

Objectifs :
Le CPP propose trois axes pour cette nouvelle Recommandation :

  • protéger le jeune public,
  • favoriser l’émergence d’un jeu responsable,
  • informer le joueur-consommateur.

Le contenu de la prochaine Recommandation devrait donc s’inspirer des éléments suivants :

A) Protéger le jeune public

Les publicités des jeux de hasard et d’argent ne doivent pas créer les conditions positives d’une attraction pour les mineurs, alors qu’il est acté que le jeu d’argent ne doit être accessible qu’aux personnes majeures. Il conviendra de prendre des éléments en compte, au moment de créer et diffuser ces publicités, comme :

  • la manière de s’exprimer ;
  • l’absence de mineurs dans la publicité ;
  • le refus de l’utilisation de références culturelles spécifiquement proches des jeunes ;
  • ne pas transformer le jeu d’argent en rite de passage à l’âge adulte ;
  • ne pas présenter le joueur adulte en héros…

Par ailleurs, bien que conscient que les plans médias ne relèvent pas de la compétence de l’ARPP mais de ses membres, le CPP souligne la nécessité de ne pas diffuser de la publicité pour les jeux d’argent dans des contextes “jeunesse”. Il en appelle sur ce point à la responsabilité des annonceurs, des agences, des régies et des médias.

B) Favoriser l’émergence du jeu responsable

Le jeu relève du rêve et du loisir : il doit le rester. Dès que le joueur devient « excessif », le rêve se transforme en « enfer ». Le principe du jeu responsable est de faire perdurer la liberté du joueur et donc, ce rêve potentiel.

Les messages (audiovisuels et textuels) utilisés ne doivent pas valoriser les situations que les médecins décrivent comme signes potentiels d’addiction. Cette liste de comportements symptomatiques est donnée en annexe.

Par ailleurs, dans un souci de responsabilité sociale, la publicité pour les jeux ne doit pas dévaloriser le travail ou les études, en se présentant, par exemple, comme un moyen plus facile ou plus intelligent de réussir dans la vie.

C) Informer le joueur-consommateur

La publicité sur les jeux étant strictement interdite aux opérateurs de jeux sans licence officielle, il est clairement entendu que le « consommateur-joueur » doit pouvoir trouver sur le site officiel de chaque opérateur, l’ensemble des éléments objectifs concernant l’opérateur, le jeu, les modes de règlement, des montants de gains espérés et pertes potentielles.

A minima, il semble que certaines mentions devraient être obligatoires dans la publicité des jeux comme le nom de l’opérateur et son site de référence, dans des conditions de lisibilité ou d’audibilité satisfaisantes.

Comme pour l’ensemble des publicités, les indications incluses dans la publicité ne doivent pas induire le public en erreur quant au coût réel du jeu, aux gains espérés ou aux pertes auxquelles peut s’attendre le joueur.

Annexes : principaux comportements symptomatiques du joueur excessif :

  1. préoccupation par le jeu (je me souviens des expériences de jeu passées, je pense à mes prochaines séances de jeu, je réfléchis aux moyens de me procurer de l’argent pour jouer, je revis l’extase de mes dernières séances de jeu…) ;
  2. besoin de jouer des sommes de plus en plus importantes pour atteindre l’état d’excitation souhaité, désiré, attendu ;
  3. efforts répétés mais totalement infructueux pour contrôler, réduire, arrêter la pratique du jeu (demain, j’arrête, le jeu c’est fini, c’était ma dernière…) ;
  4. agitation ou irritabilité lors des tentatives de réduction ou d’arrêt de la pratique du jeu.
  5. jeu pour échapper aux difficultés ou pour soulager une humeur dysphorique (je joue parce que je déprime, je joue quand je suis anxieux, je joue pour oublier que je me sens coupable d’avoir joué…) ;
  6. en cas de perte d’argent au jeu, envie irrésistible de se refaire en jouant de nouveau pour récupérer son argent ;
  7. mensonge du joueur à ses proches, à son thérapeute ou d’autres personnes pour dissimuler l’ampleur réelle de ses habitudes de jeu ;
  8. actions illégales pour financer la pratique du jeu (falsifications, fraudes, vols, détournements d’argent) ;
  9. mise en danger ou perte d’une relation affective importante, d’un emploi, d’une possibilité d’études, de carrière, à cause du jeu ;
  10. attente des autres, d’aide financière pour sortir de situations délicates voir tragiques dues au jeu d’argent et aux pertes subies.

Avis publié le 14.05.2009